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Vieux 13/06/2011, 11h23
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Par défaut Tahar Djaout - Les Vigiles - Extraits

La corde est soigneusement nouée. Menouar monte sur la chaise. Il ne se serait jamais cru une telle détermination, un si grand courage. Son esprit est d'une liberté, d'une netteté et d'une promptitude qu'il n'aurait jamais imaginées. A peine sent-il le sang courir un peu plus vite dans son corps. Il attend patiemment, exempt de toutes les souillures et de toutes les morsures infamantes ; oui, il attend avec une quiétude souveraine que les choses inéluctables arrivent dans l'ordre, impitoyables et bienfaisantes.

La corde passée à son cou, il se penche d'avant en arrière, en des mouvements presque grotesques. Son pied fait basculer la chaise. Mais il ne peut pas la projeter aussi loin qu'il l'avait souhaité. Il sent quelque chose l'écarteler. Un serpent s'enroule autour de lui, empêche son sang de circuler. Une bête écailleuse, volumineuse et blessante a élu domicile dans sa gorge, a décidé de rester là jusqu'à son étouffement. Un torrent de douleur l'entraîne, où il se débat. Il ramasse toutes ses forces, les concentre et les durcit pour les lancer contre cette souffrance. Mais l'étau de la souffrance se resserre, sa meule pèse sur le corps vaincu et broyé. L'espace d'une seconde ou deux, Menouar Ziada espère que c'est un rêve dont il se réveillera tantôt comme il se réveillait, enfant, à l'instant de dégringoler d'un sommet.

Menouar Ziada connaît un village. Un écheveau de ruelles le traverse. Elles relient les choses de ce monde et les choses des mondes pressentis : la rivière limoneuse, les étoiles qui guident les âmes perdues, les oiseaux que l'hiver malmène, l'ogre embusqué dans le noir, l'arbre paradisiaque dont un cheval lancé au galop n'arrive pas à épuiser l'ombre, le cimetière à l'orée du village et qui communique avec lui par un souterrain : et là ceux qui possèdent la formule peuvent dialoguer avec les morts ! C'est dans ce souterrain que Menouar...


Tahar Djaout
Les Vigiles
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