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Amuli amegaz i y-Icerfan neɣ

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  #1  
Vieux 27/05/2010, 01h00
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Red face 17 éme Anniversaire de la mort de DJaout

17eme Anniversaire de la mort de DJaout.

lâchement assassiné le 26 mai 1993 des mains... d'un tôlier (sans rire)
Ce tôlier l'a certainement trouvé dangereux, quel tollé.
Tahar nous laisse un vide(39 ans), emporté par la spirale politicienne et la bêtise des dirigeants dans toute leur bestialité.
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  #2  
Vieux 27/05/2010, 01h29
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Azul Ğerğer, Yidir et Twain,


y a eu un semblant de manifestation à la maison de la culture de Maεmri.
j'espère que Maεmri nous en voudra pas (pour le nom)

te fâche pas agma Tahar, tifeḍ-agh
ad n-ḍes kan:
di tizi, yiwen aken uεagal (il présentait le parcours de Djaout)
disait: il a fait ses études au lycée okba (εuqba quoi) à Alger. on a tous rigolé.

vrima, tamurt lzayer tughal ṭṭaḍsa


vibrant hommage à cette tête pensante, à ce chercheur d'os(qu'on a toujours pas trouvé) que j'adore
ps: aken s tenna Faḍma Zuhra: a lwexda i ṣaren asegwas ggemgharen
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  #3  
Vieux 27/05/2010, 01h37
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Mebla m-a neslugh tamda.
imawlan n-tira y-agi ad isinen aman nsen, a-sen nernu afud i garzen


"Un peu partout, ici et là, je n’ai cessé de dire combien tu me manquais et à quel point ton absence laissait un vide béant, que nul autre, aussi parfait soit-il, ne saurait combler.

Je n’ai connu de toi que le talent de ta plume. Mais il y avait tellement de toi dans tout ce que tu as écrit que, d’une manière ou d’une autre, j’ai dû toucher un peu de ton être.

Aucun mot ne saurait qualifier, avec assez de justesse, le sentiment de perte qui m’habite dès que je te lis ou relis. Je n’ose pas imaginer ce que ressent ta famille ; je n’en ai pas le droit, d’ailleurs.

Quand nous avons appris que les « gardiens de la morale », s’en étaient pris à toi, même les plus athées d’entre nous n’ont pu s’empêcher de prier pour toi. Tu en aurais, sans doute, pouffé de rire…

Mais tu étais trop loin, de l’autre côté de la vie, pour te rendre compte de l’émoi qui avait saisi ceux qui te connaissaient.

Et même ceux qui ne te connaissaient pas. On ne s’attaque pas aux symboles. Mais eux, l’ont fait, impunément.
Que restait-il alors à faire ? Prier pour toi.
Nos prières de mécréants n’ont pas dû alerter Dieu puisqu’il ne nous a pas entendu.

Parfois, je me dis qu’il a fait exprès de nous priver de toi pour mieux jouir de ton talent, tel un égoïste, tel que seul un dieu peut l’être.

A d’autres moments, je me dis qu’il a, au contraire, bien fait de ne pas nous écouter. Tu n’aurais pas aimé ce que notre société est devenue. Il n’y a pas eu de Ruptures, nous sommes toujours autant préoccupés par nos poches stomacales…

Le regard critique que tu posais sur notre société œsophagique (oui, elle n’a pas changé, elle l’est toujours), ne t’empêchait pas d’être aimant, tel le père que tu as été et que tu continueras d’être dans le souvenir de tes filles.

Tu les aimais, ce pays et son peuple, n’est-ce pas ? Tout ingrat que soit l’homme, tu persistais à croire en lui. On ne le penserait pas à évoluer auprès de Mahfoudh Lemdjad et son métier à tisser. Mais on a vite été détrompé en lisant ton Dernier été de la raison. Tu y croyais, sinon Boualem Yekker serait tombé dans un misérabilisme sans fin.

Mais non, Boualem, à sa manière, a résisté avec les moyens qui étaient les siens : les mots, le verbe et les livres.

Les Frères Vigilants et les Thérapeutes de l’esprit n’ont pas frappé au hasard. Ils ont bien choisi et trop bien visé.

Ton Dernier été de la raison m’a tellement ému, que je ne peux trouver des termes assez forts pour traduire l’émotion qu’il a suscité en moi. Si beau et si bouleversant. Nul autre que toi n’a su saisir de manière aussi précise, avec des mots aussi simples, la schizophrénie ambiante de cette décennie.
A la manière de Mouloud Mammeri qui avait été magistral avec sa (notre) colline oubliée.
Nous commencions à peine à nous remettre de sa perte…
Ta lettre, fût l’un des plus beaux hommages qu’il m’ait été donné de lire…

J’aime parfois à penser que c’est lui qui est venu te prendre par la main, de l’autre côté de la vie, là bas… En ouvrant les yeux sur un monde dont tu ignorais encore les coutumes, il aurait été des plus rassurants de trouver un visage familier et fraternel. Peut-être est-ce là une vision naïve ?

Le lecteur éclectique que tu étais, a certainement lu Le Joueur d’échecs de Zweig. Stefan Zweig, écrivain plus que talentueux, à la fin autrement triste, a commis là une œuvre d’une grande facture.
Je ne vais pas émettre de jugement qualitatif entre son œuvre et la tienne ; je ne serais pas objectif et j’en laisse le soin aux professionnels. Et puis, les deux se situent à des niveaux différents de ma conscience.

Avec Zweig, je me retrouve aux portes de la folie nazie, épisode de l’Histoire de l’Humanité auquel je ne peux rester insensible. Mais avec toi, les portes s’ouvrent, je me retrouve chez les miens et je me situe à un niveau irrationnel et subjectif.

Mais là n’est pas la raison pour laquelle j’évoque Zweig. Le joueur d’échecs de Zweig et ton libraire font partie du même monde. Ce monde où l’on est sur le fil du rasoir, où l’on oscille entre la raison et la perte de ses sens et de cette raison. Ce monde où l’obscurantisme s’érige en valeur, en principe de vie. Que reste-t-il au pauvre quidam qui résiste et refuse de sombrer ?

Le joueur d’échecs vole un livre et c’est dans ce livre qu’il tente de trouver une échappatoire. Boualem Yekker se construit une forteresse sécurisante avec des livres.

Les rouages du joueur d’échecs finissent par aller trop vite et le mènent à l’hopital pour overdose d’échecs imaginaires, tandis que le libraire cauchemarde à un infanticide.

Le joueur d’échecs porte une cicatrice visible. Les stigmates de Boualem Yekker sont sanglants mais invisibles.

Tu vois, ils forment des facettes différentes du même personnage et ils évoluent dans un monde identique, bien que les époques et les lieux soient différents ; L’obscurantisme a le même visage et produit les mêmes effets.

Je pense avoir trouver le meilleur moyen, à ma mesure, de te rendre hommage et de faire vivre l’homme que tu étais. J’offre tes livres. Et il se produit à chaque fois le même phénomène : celui à qui j’ai prêté l’un de tes livres, s’empresse d’aller se procurer les autres et se met à son tour à les offrir.
Ainsi, une chaîne de lecteur se crée, à mon grand bonheur. Mais je n’y suis pour rien, c’est ton talent qui fait le travail. Les réactions des uns et des autres me nouent la gorge et ne manquent pas de me faire monter les larmes aux yeux à chaque fois.

Tu étais trop bon pour ce monde, d’autant que tu étais modeste, mais ils ont privé ta famille d’un homme aimant et nous, nous avons été privés d’un homme au regard critique et juste, cela personne ne saurais, ne pourrais et ne voudrais le leur pardonner."

Qim di talwit ulla d-kecc.

Icerfan
Paris - 25 Août 2005.
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  #4  
Vieux 27/05/2010, 23h09
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Azul Immi,

Tu as bien fait de citer ce texte émouvant.
De tout ces assassinats, Abane, Krim et j'en passe, n'ont été élucidé.
La justice ne pourra être rendue parce qu'elle est l'otage du système politique mis en place depuis 1962.
Il est temps de se montrer à la hauteur de ces illustre enfants d 'Algérie.
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  #5  
Vieux 27/05/2010, 23h57
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Gma Twain

On est maudit, rien ne marche ici, le bateau coule.

en attendant, voila ce qui se passe encore en ânnegérie.

http://www.liberte-algerie.com/edit....0de%20Dassine&


Le peuple a sa part de responsabilité.

On se lève et on met le bordel. ih pourquoi pas?
On voit des jeunes faire la fête (des apéro) par facebook. donnons-nous un rdv à alger. ils vont pas nous exterminer quand même !
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  #6  
Vieux 28/05/2010, 01h20
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Ğerğer agh yezem
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  #7  
Vieux 29/06/2010, 19h57
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"Les livres ont formé le terreau où la vie de Boualem s'est développée, à tel point que ses mains livresques et ses mains charnelles, son corps de papier et son corps de sang s'imbriquent et s'emmêlent bien souvent. Boualem lui-même a fini par ne plus bien faire la distinction. Il a connu dans les livres tellement de personnages, il a côtoyé tellement de destins inoubliables que sa vie ne serait rien sans eux. C'est un peu au contact de la vie et beaucoup au contact des livres que des idées ont germé en lui, que des idéaux ont pris racine, que des sensations voluptueuses et des ondes de joie ou de colère ont parcouru son corps frémissant, y laissant des traces durables.
[...]

Les livres -leur proximité, leur contact, leur odeur et leur contenu - constituent le refuge le plu sûr contre ce monde de l'horreur. C'est le plus agréable et le plus subtil moyen de voyager vers une planète plus clémente. Comment Boualem continuera-t-il à vivre, maintenant qu'on l'a séparé des livres, sa plus revigorante substance ? Il est comme une plante arrachée au terreau, séparée de la sève et de la lumière, ses deux éléments vitaux. On l'a exclu des livres. On l'a exilé de tous les repères de son enfance : les valeurs piétinées, les symboles dévoyés, les espaces défigurés et saccagés."


Le Dernier Été de la raison
(Chapitre : Nés pour avoir un corps)
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  #8  
Vieux 26/05/2011, 21h11
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Au souvenir de ce jour maudit...
18 ans. Le bel âge... ?? Pas pour nous.
L'astre s'est éteint il y a déjà 18 ans.
Le souvenir semble pourtant dater d'à peine hier.
La même question lancinante, pleine de culpabilité : "Comment avons-nous pu laisser faire ?".
Nous pouvions forcément faire quelque chose pour que les balles assassines dévient de la trajectoire et ne trouvent jamais leur cible.
Nous aurions pu mais la peur s'est faite maîtresse des hommes et la mort a trouvé la faille.
Le jour viendra où il nous faudra rendre des comptes aux générations à venir. Nous serons tous convoqués devant le tribunal de la mémoire et serons accusés de complicité muette de fratricide.

Tahar, notre cher frère.
La noirceur des hommes nous a privés de toi, de tes idées, de ton humanité.
Mais ta lumière resplendit depuis le Panthéon des Hommes Libres et nous éclaire pour l'éternité.
Chaque mot que tu nous as légué germera dans les entrailles de nos mémoires. Chaque mot fleurira en une infinité d'autres mots qui donneront naissance à d'autres. Chaque mot donnera une multitude de phrases qui pousseront sous le soleil de la Kabylie et du monde. Les phrases se relieront les unes aux autres et la ronde des mots nous entoureront pour nous baigner de la douce lueur de l'espoir. La chaine unie et solide éclairera la nuit des hommes et le doux printemps universel reviendra et il pourra enfin redevenir maitre chez lui, chez nous, sur nos terres et dans nos coeurs.
En tuant l'homme, ils ont créé le symbole. Encore plus vivant aujourd'hui qu'hier mais bien moins que demain.
Tant qu'il restera un souffle de vie sur les montagnes de Kabylie...

Dernière modification par Icerfan 04/03/2012 à 16h37
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