Afficher un message
  #3  
Vieux 17/06/2011, 19h34
Avatar de Icerfan
Icerfan Icerfan est déconnecté
Werisem
 
Date d'inscription: mai 2011
Messages: 2 017
Par défaut

Mon fils
(A mmi)

- Mon fils, tes études finies,
vers quel but t’ont-elles mené ?
Tout ce que tu as étudie, peiné,
dis-m’en, que je vive ta joie.”

Il me répondit:
- Mon père, j’ai choisi,
et ma voie m’apparaît tracée.
Mais je viens te demander conseil:
Donne ton avis, aide-moi… ”

- Mon fils, la grâce ne m’a pas touché.
Tu sais que je n’ai pas étudié :
Pour moi la seule chose fut la vie,
et l’usage du crayon m’échappe… ”

Il me dit :
- Ce n’est pas en ce domaine
que je te demande de m’aider.
Ce que j’attends de toi
est à l’image d’un foyer :
Ce foyer que tu diriges…”

- Le fil de ton allusion m’échappe.
Elle dépasse mon entendement.
Tu peux préciser, mon fils :
Le mot appelle la clarté !… ”

- Je pense à ceux qui nous gouvernent.
Ils sont tous là, que nous voyons :
En quoi sont-ils supérieurs ?
Je m’en sens capable aussi,
et je souhaite bien moi-même
me retrouver l’un d’entre eux !
Et, un jour, si Dieu permet,
Je serai par-dessus eux…”

- Mon fils, cette voie que tu te choisis
est toute tapissée d’épines.
Et si tu y hasardais le pied,
nul ne t’en dégagerais jamais…”

- Mon père, je ferai le bien.
Je serai source de droit !
Toutes les foules seront derrière moi.
Et, quelque soit le but que nous voudrons,
nous finirons par l’atteindre…”

- Si alors, tu faisais ainsi,
c’est que tu manques d’expérience :
Avant que tu n’aies fait surface,
d’autres t’auront dévoré,
et ta trace n’apparaîtrait pas !… ”

Alors montre-moi comment donc,
et indique-moi quoi faire ?
Et quelle est la voie qu’il faut,
pour que j’atteigne à mon but ? ”

- Mon fils, va, pose ton esprit
et suis des chemins de paix
pour réussir ton avenir…
Le pouvoir n’est pas pour toi :

C’est un fait que, de par le passé
bien des hommes purs d’intention,
parmi les plus érudits,
se sont un jour redressés
pour nous asseoir une vie possible :
ils parlaient d’une justice limpide
et d’une paix enfin posée,
avec une fleur dans leur main…

Mais alors qu’ils commençaient
à nous définir des jours meilleurs,
survint qui les déracina
et leur souvenir même n’est plus…

Si les grands de ce monde te plaisent,
lorsque tu les auras approchés
tu verras comme tu te trompes !
Lorsque tu parviendras jusqu’entre-eux,
à supposer qu’ils t’admettent,
tu te sauras abusé.
Ils te dépassent en malice :
Tant qu’ils ont besoin de toi,
Ils te laisseront agir
pour te retirer de là
aussitôt que tu auras tout apprête !

- Mon père entends-moi, que je t’éduque
Politiquement :
Change ta mentalité !
La Justice sera une réalité concrète
et le Citoyen ne subira aucun tort !
Avec les bienfaits de la Connaissance,
dont chacun profitera,
nous édifierons main
dans la main ce pays
qui n’attend que nous !
Tout ce qui été commis
jusqu’à ce jour,
est gommé sous l’effet d’une entente
enfin venue !
Les prédécesseurs, responsables d’erreurs,
ont fait leur auto-critique
et reconnaissent avoir
trébuché. L’instruction s’imposera,
pour définir nos Orientations !
Et avec nos Travailleurs
Intellectuels
le Pays parviendra au Bonheur !
C’est de servir le Pays qui me préoccupe,
et non une chasse aux bonnes places !
Et je ne causerai du tort à personne
si, dans la foulée de mon entreprise,
je faisais émerger ce Bonheur !
Mais enfin, vois si je me trompe
dans la compréhension que j’ai des faits.
Et dis-moi, que je comprenne
comment la situation t’apparaît ?… ”

- Alors, mon fils, écoute, que je te dise
ce que, moi, je peux savoir
et comment je vois les faits.
Pardonne mes erreurs possibles :
C’est tout ce que je peux comprendre,
et ne me demande pas l’impossible.
Tu sais : je me tiens loin des ennuis,
et c’est la tranquillité que j’aime.

Mais enfin écoute ces paroles :
Du temps que gouvernaient des rois,
ils tenaient, disaient-ils,
leur pouvoir de Dieu lui-même.
Aujourd’hui’ que ceux qui gouvernement
les pays autres
sont des hommes du commun,
mortels comme d’autres et toi,
je vais t’expliquer comme ils ont fait.
Et si tu veux, imite-les
si leur démarche te plaisait…
Ne compte pas sur l’instruction :
Laisse-la de côté !
Elle ne servira en rien ton ascension…
Si, face à l’épreuve,
tu en avais un jour besoin,
tu la trouverais présente.
Mais oublie-la une fois utilisée.
Chasse de ton cœur la pureté
et rejettes-en toute l’innocence :
L’instruit qui aurait semé,
s’il était, le pauvre, de bonne foi
verrait outre sa moisson
emportée par les vents.
L’homme qui serait bon,
s’il était, le pauvre, de bonne foi
se retrouverait bon dernier.
Ce ne sont, mon fils, ni l’instruction
ni la force d’âme,
qui feront de toi un chef !
Commence par assimiler le vice,
qui sert de fondation au monde.
Ce monde dont tu dois savoir
que la trahison le mène !
Fréquente qui te sera utile
et rejette au loin tout autre :
N’aie rien à voir avec lui !
Précède l’interlocuteur aux postes-clés
et démets-l’en, s’il t’y avait précédé :
Si tu ne le gênais pas,
lui te gênerait !
En paroles douces aimes-les tous,
même si tu haïssais :
Garde-toi de sombrer dans l’erreur…

Ne sois pas amer envers les gens :
Utilise des mots mielleux
et tu verras le profit qui t’en viendra.
Tes mains devront caresser,
jamais frapper :
Sers-toi de bras d’autres, pour ça…
Libère-toi de tout engagement envers Dieu
et ne pardonne à personne :
Départis-toi de toute clémence !
Prémédite les coups à temps
et profite des leçons du passé :
Sois prêt à toute éventualité !
N’accorde aucun crédit au mektoub :
Ce qui sera vraiment gravé
est cela que tu auras froidement calculé.
Choisis chaque mot de tes discours,
et trouve le mensonge efficace !
Quand tu sais manier le mensonge,
ceux auxquels tu t’adresseras
délaisseront la vérité pour te croire !
C’est au prix de tout cela
que tu parviendras à tes fins,
faute de quoi tu seras devancé !…

C’est à ce prix, mon fils,
que tu t’imposeras au pouvoir !
Si tu te sentais ainsi armé,
mon fils
toute chose irait par ta main !…

Ceux-là que tu aimes,
gardes-toi de leur faire confiance :
Ceux-là que tu haïs
utiliseront cette amitié contre toi !
Quant à ceux-là que tu crains
invente-leur une guerre
où tu les enverras mourir.
Et lorsqu’ils en reviendront,
cadavres plombés dans leurs caisses,
tu iras porter des fleurs
et à chacun égaie sa tombe…

C’est à ce prix mon fils…

Lorsqu’ils s’en trouvera un, décidé,
qui, faisant l’unanimité de tous,
te surpasse et te porte ombrage,
retrousse tes manches,
tant que tu n’auras pas éliminé !
Tu ne trouveras pas le sommeil
tant que tu ne l’auras pas abattu !
Et tu leur annonceras alors, que :
“Le pauvre, a été entraîné par un mal
mystérieux…
C’est son cœur qui aura lâché…
Et de le voir ainsi mort me peine.
Beaucoup !…”

C’est à ce prix mon fils…

Quand il y en aura un,
que tu soupçonneras de comprendre,
noie-le sous un excès d’argent
et de tout ce qu’il brûlerait d’envie d’avoir !
Quand il y en aura un,
que tu soupçonneras de vouloir exploser,
dépêche-lui quelques hommes de main
que le ramèneront dans le droit chemin…
Pour te libérer de tout souci
ne crains pas d’assassiner :
Pour accéder au pouvoir
il te faudra avoir eu des mains rougies !

C’est à ce prix mon fils…

S’ils sont croyants
tu auras un chapelet à la main
et tu te rangeras parmi les fidèles.
Tu conduiras leurs prières,
même si, en ton for intérieur,
tu sais tout cela foutaises :
Dieu s’allie avec les forts !
Même si ton cœur est barbare,
nul n’en saura le secret :
Tu abuseras les vains peuples
qui ne croient qu’en ce qu’ils voient…

C’est à ce prix mon fils,
Que tu t’imposeras au pouvoir !
Si tu es ainsi armé
mon fils
chaque chose ira par ta main !…

Affirme-toi, mon fils,
Puisqu’à présent te voilà chef !
Puisque tu es ainsi armé
mon fils
chaque chose ira par ta main…

Affirme-toi, mon fils…


Traduction par R. Sadi.