Et s’ajoute un jour…
(Yerna yiwen was)
Levé aux aurores pour ton
Labeur quotidien aux champs
Jour que tu répètes à l’usure
Ton époque égrène tes jours
Au chapelet de tes oliviers et figuiers
Vois ton âge sur les rameaux
Au crépuscule tu te secoues
Las, tu rentres chez toi
Pour tout rependre le lendemain.
Et s’ajoute un jour à tes jours
Qui te rapproche du précipice
D’un autre jour
soustrait à ton existence.
O bête de labeur que l’on extrait
Le matin de son étable
Rejoindre le frère sous le joug
Tu ajoutes un jour aux jours
Pour toi tous les semblables
Pluie, soleil ou brume
Le soir, à ton gîte habitué
Le foin n’aura que le goût amer
De ton harassement
Et s’ajoute un jour à tes jours
Qui te rapproche de l’immolation
D’un autre jour
Où tu connaîtras le témoignage
De leur reconnaissance
Tu t’éveilles au son du pécule
Chaque minute à son cours
Le temps n’est pour toi qu’une denrée
Tu es de ceux qui commercent
Chaque jour dispense ses richesses
Ton destin est l’Avoir
Et tes comptables, le soir
Rabattent chacun leur compte
Apprêtent tes affaires du
lendemain
Et s’ajoute un jour à tes jours
Qui te rapproche du précipice
D’un autre jour
Où tu laisseras tes biens
Comment t’apparaît le monde
Te considérant au dessus de tous
Seul à avoir raison
Quand tu t’éveilles aux aurores
Tu trompes le soleil qui se lève
Tu te trompes là où tu ne le dois pas
La politique « tiserlit »
Tu la nommes comme il te plaît
Mais te lâchera le soir venu
Et s’ajoute un jour à tes jours
Qui te rapproche du précipice
D’un autre jour
Où tes calculs cesseront
Affligé par ce dont tu es témoin
Tu refuses de te taire
Tu harangues, tu invectives
Levé depuis l’aube
Qui sait si tu as dormi de la nuit
Qui se soucie de ton existence
Ereinté quand survient le soir
O poète, tu es à plaindre
Qui sait s’ils ont perçu ton souffle
Et s’ajoute un jour à tes jours
Qui te rapproche du précipice
D’une autre jour
Où tes sanctifieront ton nom
Traduction : Ahmed Ammour
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