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Vieux 13/06/2011, 21h39
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Par défaut La vérité sur L’étranger d’Albert Camus

La vérité sur L’étranger d’Albert Camus
Le coauteur Stefan Zweig



Depuis sa publication en juin 1942, la recherche sur L’étranger et son auteur n’a pu lever le voile sur le mystère qui plane de bout en bout de cet ouvrage. Les chercheurs nombreux de par le monde restent jusqu’à ce jour perplexes devant son étrangeté. Sartre lui-même à l’œil pourtant perspicace et sévère a abdiqué devant l’impossibilité de dire si ce livre est un roman ou quelque chose d’autre lui ressemblant et d’inqualifiable.


En effet, si L’étranger d’Albert Camus a été considéré comme le roman de tous les temps, il demeure néanmoins, plus de 60 ans après sa publication, une énigme. D’où le génie d’une grande œuvre.
Ce petit livre qui dit en toute simplicité les choses fait pourtant buter le lecteur contre un mur (ou une vitre selon Sartre) quant à sa compréhension. Non seulement cela, mais Albert Camus lui-même est devenu une énigme, suite à la publication de son livre.
En effet, au fil des mois et des ans, l’auteur plonge dans un malaise grandissant, atteignant la dépression, alors que tout lui souriait. Un état incompréhensible, d’autant plus que son premier roman l’avait propulsé sous les feux de la rampe, au-devant de la scène internationale, faisant des conférences jusqu’aux Etats-Unis.
Devenu la « coqueluche » des cercles mondains, lui le jeune pied-noir, la veille à peine encore un inconnu du reste du monde, si ce n’est une petite célébrité sur la place d’Alger. On a tout expliqué de la souffrance de l’homme, par rapport à son enfance pauvre, par rapport à sa maladie, la tuberculose, par rapport à la question algérienne, par rapport à cette histoire du communisme qui lui fit prendre conscience qu’il avait si peu d’amis, par rapport à la jalousie et à la haine, par rapport à toutes les raisons possibles et imaginaires, qu’il nous semblait impossible que ces raisons-là aussi nobles soient - elles, puissent susciter tout au long de la vie d’un homme un si profond malaise.
Ce qui revient à dire que nous étions convaincus que la raison du malaise se trouvait ailleurs.
D’autant plus que la panique qui s’en prit de lui à l’annonce du prix Nobel (1957) est des plus troublantes (voir les carnets).
Et Albert Camus qui ne trouve rien d’autres comme thème pour ses conférences de Stockholm que Le mensonge dans l’art ! et lançant à l’assistance « Cette récompense dépasse mes mérites personnels ».
Le malaise se trouvait effectivement ailleurs.

Après une longue prospection, nous avons découvert qu’Albert Camus avait un secret en rapport avec son roman L’étranger, qui engendra une grande souffrance à son auteur.

Une souffrance d’autant plus atroce qu’elle l’arrachait des êtres vivants pour ne le laisser dépendre que d’un mort : Stefan Zweig.

Qu’a donc de commun, cet écrivain juif autrichien avec l’écrivain « franco-algérien », tant ils vivaient aux antipodes, et tant apparemment rien ne les reliait, et tant il est quasiment sûr qu’ils ne se connaissaient pas, si ce n’est peut être par œuvres interposées ?
Et comment en sommes-nous arrivés à relier les deux hommes, et à expliquer le malaise de l’un et le suicide de l’autre pour une seule et même raison ?


Camus le Joueur d’échecs

Lisant et relisant L’étranger, une multitude de fois, nous avions cette intuition impossible à expliquer (et une intuition n’a rien de scientifique) que l’écriture de l’ouvrage avait une relation quelconque avec le jeu d’échecs.
Le chiffre 64, le mouchoir à carreaux de Pérez, le chiffre 8 qui revient à maintes reprises, le noir et aussi le blanc (mais ces deux couleurs ne confirmaient rien, car le rouge et le vert faussaient la solution), néanmoins tout cela, pas grand-chose peut-être, mais il y avait aussi nos intuitions, fixèrent une bonne fois pour toutes dans notre esprit que la solution à ce problème de L’étranger, à ce jour non résolu, se trouve dans le jeu d’échecs et rien de plus.

A ce niveau, il faut noter que Morvan Levesque à travers son ouvrage Camus par lui-même (1963) soulève cette idée du jeu dans L’étranger mais malheureusement sans aller plus loin. Il écrit en effet : « C’est un jeu et ce n’est pas un jeu » (p 44)

Cette question de Camus Joueur d’échecs et qu’éventuellement il aurait construit son roman à partir de la technique de ce jeu devenait obsédante, il fallait donc l’élucider.

Mais comment ? Dans aucun livre ni biographie consacrés à l’auteur, il n’est fait référence à un Albert Camus Joueur d’échecs.
Du football et un peu de belotte, voilà ce que nous avons trouvé (sauf erreur de notre part).
Nous étions prêts à renoncer, car nous n’avions nous-mêmes aucune connaissance du jeu d’échecs, donc pas moyen de vérifier quoi que ce soit si ce n’est de nous y mettre.
A la recherche d’un manuel qui nous expliquerait les règles du jeu d’échecs, nous sommes tombés par le plus grand des hasards sur un petit livre intitulé Le Joueur d’échecs, une nouvelle de Stefan Zweig, un écrivain autrichien. Le hasard ne favorise que les esprits préparés. En effet !


Le Joueur d’échecs de Stefan Zweig
Il y a dans cette œuvre (ou plutôt dans ce chef-d’œuvre) de Zweig un état de fait : L’étranger de Camus n’est en rien étranger à L’étranger, le héros Joueur d’échecs de Stefan Zweig.
Mais comment l’expliquer ?
Nous étions dans une situation inconfortable, car personne jusque-là n’avait jamais parlé de Camus affectionnant le jeu d’échecs, ni de Zweig ayant une quelconque relation avec Camus.
Et Camus lui-même n’ayant jamais fait la moindre allusion à Stefan Zweig (sauf erreur de notre part).
Mais le fait était là, les deux histoires qui apparemment ne se ressemblent en rien ont pourtant quelque chose en commun : le jeu d’échecs.
L’une d’elles (celle de Zweig) se déroule autour d’un échiquier, mais pour L’étranger de Camus sur quoi s’appuyer pour le dire ? Les intuitions n’aident en rien.
Et l’on pourrait avancer cette phrase terrible de Meursault qui revient moult fois dans le roman « Cela ne veut rien dire ».

Et pourtant il y a le prisonnier qui s’interroge dans sa cellule. L’étranger, héros de Zweig s’interroge dans sa cellule, Meursault fait de même lorsqu’il se retrouve prisonnier après sa condamnation.

Ensuite, l’interversion du jour et de la nuit. Dans sa cellule, L’étranger de Zweig intervertit le jour et la nuit. Meursault en fera de même lorsqu’il sera dans sa cellule.
De ce fait une question devint incontournable : Albert Camus avait-il en mains Le Joueur d’échecs de Stefan Zweig au moment de l’écriture de L’étranger ? Camus ne pouvait pas avoir eu en mains cette nouvelle de Stefan Zweig, pour la simple et bonne raison que selon les spécialistes de Zweig (très peu nombreux en France d’ailleurs), ce dernier l’aurait écrite en 1941 et au Brésil, où il vécut quelques mois après son exil, et où il se suicida le 22 février 1942.

Trop peu de temps nous semble-t-il pour écrire une nouvelle ayant pour thème central un jeu aussi difficile. Et l’état dépressif dans lequel se trouvait Zweig, à la suite du déclenchement de la Seconde Guerre mondiale qu’il ne supporta pas, d’autant plus qu’il était juif, persécuté par les nazis, son œuvre brûlée et interdit d’écriture, ce qui fut la cause de son exil au Brésil, ne prédisposait pas à la créativité.

Mais à penser que si cette nouvelle fut publiée à titre posthume en 1943, traduite en français et publiée en France en 1944. L’étranger d’Albert Camus a été publié à Paris en juin 1942.

Donc tout cela ne concorde pas pour affirmer que Camus en écrivant L’étranger avait sous les yeux Le Joueur d’échecs de Stefan Zweig. Pourtant tout porte à croire que si.
Poursuivant notre prospection, passant en revue la vie de l’un et de l’autre, nous apprîmes alors que Albert Camus fut invité en 1949 à faire une série de conférences au Brésil.
Albert Camus refusa d’abord le voyage, puis se ravisa et accepta. Dans ses carnets, il note : « Ce voyage dont je ne voulais pas ».
Pourquoi Camus ne voulait-il pas de ce voyage ? On pourrait répondre : une question d’humeur voilà tout. Il était libre de ses désirs même s’il était au service de l’art.
N’oublions pas que le Brésil est un pays lointain, et Albert Camus était de santé fragile. Pourtant, dirait-on, il venait de sillonner l’Amérique du Nord, et son journal témoigne du plaisir qu’il tira de ce voyage. Raison de plus, l’Amérique c’est trop loin. Même s’il en a tiré du plaisir, pas question de recommencer.

Finalement, notre auteur ne voulait pas de ce voyage pour des raisons qui ne regardent que lui. Mais ce n’est pas si simple, ici il y va du devenir de 60 ans de recherche sur Albert Camus et son œuvre, et ceci n’est pas rien. Mais lorsque l’on sait que durant son séjour à Rio, Camus a eu un comportement des plus déroutants, « en pleine débâcle psychologique » comme il l’écrit lui-même, au bord du suicide, écrit deux fois dans ses carnets, on comprend dès lors que la souffrance de Camus ne pouvait qu’être en relation avec le mort enterré à 80 km de Rio, exactement à Petropolis, Stefan Zweig.




A suivre
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