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Vieux 08/06/2011, 22h48
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L'année
(Asegwas)


Ceux érudits,
qui comptent et qui calculent
dites-nous tout
de ce qui nous attend,
nul ne sait ce qui est à venir ;
victimes du passé,
nous redoutons l’avenir

ceux qui savent,
qui dénouent toute intrigue,
le lendemain des jours
comment le ressentez-vous ?
nul ne sait ce qui reste à venir ;
leurs dits acceptés,
nous craignons le pire

ceux qui la nuit ne dorment
et qui rêvent le jour,
demandez aux astres
s’ils ont la réponse,
nul ne sait ce qui reste à venir ;
à ce qu’ils ont inventés,
qu’ajouteront-ils encore ?

ceux qui écoutent,
et consignent par écrit
nous leur avons demandé
pourquoi écrivent-ils ?
«parce que, répondirent-ils,
ceux qui pleurent,
et se souviennent aujourd’hui,
risquent demain d’oublier»

voyez comment nous engloutit
ce vide que nous avons cultivé
lorsque décidés à raisonner l’insensé
nous l’espérions comme allié
ayant mis nos échecs
au fond d’un puits
nous avions pris un couvercle
le soustrayant à la vue
les croyants neutralisés
ils croissaient dans l’ombre
le couvercle finit par céder
et le malheur se déversera
emportant tout sur son passage
détruisant le bien
et consacrant le mal

voyez ce que peut faire l’ignorance
lorsqu’elle côtoie le savoir
elle y introduira de mauvais préceptes
insinuera le doute dans le silence
l’ignorance grandit et se pare d’une écorce
la soustrayant au regard
lorsque l’écorce éclata
surgit l’objet de toutes nos peurs
si nous ne saurons l’éviter
nous lui succomberons et elle nous emportera

ô ancêtres de ce pays
nous savons que vous ne nous voyez pas
nous vous invoquons sans savoir
si vous avez été bon ou pas
nous vous demandons des solutions
que vous n’avez sûrement pas
de légendes, nous voulons faire des réalités
afin que ce qui n’a pas été soit
il y a du bon en nous
que votre souvenir réveillera

à propos de quoi discutent les gens
si ce n’est sur l’année nouvelle
disant que cette année sera bonne
meilleure que celle à venir
au train où vont les choses
restera-t-il des gens pour pleurer ?
nous en verrons encore d’autres
si notre vie est assez longue
le ruisseau insignifiants
s’est trouvé une rivière complice
la grande vague qui en est sortie
a emporté tout imprudent
celui-ci par traitrise
celui-là, épargné, récoltera matière à raconter
comment ceux qui aiment la patrie,
pourront-ils fermer les yeux ?

l’année s’en va
une autre s’annonce par le vent
que nous amènera ce vent ?
quelles nouveautés drainera-t-il ?
alors que nous le croyons venu balayer
il ne nous rajoute que poussière
le vent nous connaît, nous,
qui aimons la poudre aux yeux
l’annonce s’annonce par ma faim
ce n’est pas de patience que nous manquons
contre la démangeaison, le pire remède,
c’est de se gratter continuellement,
ainsi nous avançons vers le mal qui nous frappe
quand atteindrons-nous, la limite ?
s’exiler n’est pas la solution,
rester n’est pas l’idéal,

chacun a accepté l’exil
sauf toi, l’entêté,
chacun a suivi le mouvement
toi, tu t’accroches aux ronces
en disant : « comment pourrais-je être
plus important que ceux qui restent ? »
cet honneur de malheur
qui ne se condamne, ni ne se contrôle !
le manque de force avec honneur
arrive à briser des chaînes
même les débuts sont difficiles
la difficulté y ajoutera la force
mais la mauvaise fraternité
est telle une lame se détachant du manche
si elle t’échappe
elle se retournera contre toi

la mauvaise fraternité est
telle l’ivraie qui suit tout grain
telle cette horloge parfaite
on brise une dent d’un rouage ; elle s’arrête
telles ces mains dont l’une fait diversion
et l’autre délivre l’illusion
mauvais frères incapables de bien
bien qui les fuit dès qu’ils s’en approchent
nous écoutons les gens dire :
«nul ne se préoccupe du pays
ceux en lesquels nous avons cru
chacun s’occupe de sa chapelle
dieu qui veille sur ce pays,
n’accepte pas sa mort »
s’il ne nous reste que le recours à Dieu,
c’est que la blessure est trop profonde…



Extrait du livret