Vent
(Abehri)
- Vent qui débordes par-dessus cols,
dis-nous : d’où viens-tu ? "
- Comment m’ignoreriez-vous,
vous qui, tous, croyez en moi
et qui m’avez inventé ?
C’est vous qui m’avez inventé
dans un moment d’oisiveté.
Chacun qui s’égare m’évoque.
Mais je ne peux rien pour vous :
Tout mon pouvoir me vient
de votre savoir !
Par moi-même, je ne peux rien faire
de possible, ni d’impossible !
- O vent qui débordes par-dessus cols,
nous avons tous foi en toi ! "
- Tant que vous vous évertuerez
à croire encore à moi,
je vous soupçonnerais, moi,
d’avoir une fêlure dans vos crânes !
Chacun qui croit en moi
se cause du tort à lui-même :
Les sources du mal sont en vous,
qui en couvez les racines.
Chaque nouveauté qui naît
est le fait de votre invention :
Vous la dites, elle vous revient
et ainsi rejoint sa place… "
- Vent qui débordes par-dessus cols,
oriente-nous vers la clarté ! "
- Vous dormez quand elle éclaire,
pour vous réveiller quand il fait noir :
Vous confondez jusqu’aux saisons !
Chaque fois que vient la lumière,
vous recherchez les ténèbres,
pour redemander la lumière
quand les ténèbres sont devant vous :
Et ce après quoi vous courrez
est peut-être entre nous vos mains.
Mais vous refusez de le voir… "
- O vent qui passes par-dessus cols,
protège-nous de ton pouvoir ! "
- Celui qui, pour se défendre,
croit pouvoir compter sur moi
trouvera son viatique froid
quand il voudrait y faire appel… "
- O vent qui débordes par-dessus cols,
tu troubles toutes nos illusions… "
- Celui qui rêve avoir eu son dû
et se réveille démuni,
se met à s’en prendre à moi !… "
- Celui qui rêve avoir eu son dû
et se réveille démuni… "
Traduction par R. Sadi.
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