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Vieux 13/06/2011, 11h19
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Werisem
 
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A Albert Camus,
Alger,
Le 15 juin 1958


Cher ami,

J'ai eu le paquet de livres hier et mes grands sont fous de joie parce que vos dédicaces concernent toute la famille. Voilà donc des ouvrages qui feront partie du patrimoine et que, peut-être, ils se disputeront à ma mort, cyniquement. Ma grande a terminé l'écrit de son bac. Elle n'a séché nulle part. Ça a été un monstre pour le bûchage. Et maintenant, l'ours à moitié mort, elle réclame son voyage pour Paris. Tout ce qui me reste d'espoir réside dans un oral sévère et dans la timidité de ma fille. Pour le garçon, je suis tranquille. C'est un flemmard et il échouera aussi sûrement que l'autre réussira...

Nous avons repris contact avec les Roblès. Je viendrai vous voir tous dès que possible. Je ne crois pas qu'il y ait grand-chose de changé depuis votre passage. Peut-être plus de lassitude, plus facilement discernable. Aussi beaucoup d'espoir, un immense besoin d'espérer. Mais est-ce que les gens parlent le même langage ?

Mon opinion est que le mal ne peut plus empirer. Je crois sincèrement que le bon toubib s'est découvert qui sauvera le malade malgré lui. Pour ce qui me concerne, j'aurais peut-être besoin de vous. En attendant, j'ai hâte de boucler mon année scolaire afin de commencer un nouveau roman ; votre amitié, celle d'Emmanuel et de quelques autres me guideront.

Bien affectueusement à vous.

M. Feraoun.

Et tout de même, merci pour les livres : j'allais oublier l'objet de cette lettre.
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