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Vieux 17/06/2011, 19h41
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Kabyles d'hier et Kabyles d'aujourd'hui
(A yaqbayli)


Cette réflexion est une allégorie.
A-t-elle eu lieu,
aura-t-elle lieu ?
Chacun est là qui discourt
sur ce pays en mal de guérison :
L’envie nous vient de nous revoir
si, un jour, la paix venait…
L’étranger reculerait
et, de ce pays,
nous aurions à cœur de nous occuper.

Mais ce serait alors
qu’entre nous le feu prendrait :
C’est que nous, Kabyles,
avons tendance à oublier.
Il nous faut la présence de tiers :
Quelque Etranger qui s’interpose…
Et des discours de chacun
enfin découle mon poème…

Quand l’Etranger dut sortir,
et que le Pays revint aux siens,
chaque Kabyle était heureux
croyant son destin épanoui.
Mais le premier enthousiasme épuisé,
chacun revint à lui même :
C’est qu’à présent,
pour ce Pays,
il nous faut trouver sa voie…

Le Pays trancha en toute équité,
et proposa un citoyen nôtre :
Il fit notre unanimité
pour qu’il décide en nos noms :
Ce fut alors que chaque Confédération
parla, disant :
-Celui-là n’est pas des nôtres !
Inutile d’atermoyer,
ni de tergiverser plus encore :
Retirez-le,
et nous en désignerons un autre ! "
Les Confédérations s’accordèrent
pour proposer l’homme parfait :
Capable, éduqué et sage.
Comme on n’en saurait trouver d’autre…
Ce fut alors que Ceux des Villages
parlèrent pour dire
qu’ils ne le connaissaient pas :
-Inutile d’atermoyer…"

Les Villages cherchèrent avec ferveur
jusqu'à trouver l’homme,
poli, de vérité seule soucieux,
et qui jamais n’altère le droit.
Ce fut alors que le Village se dressa
pour jurer
que cet homme serait démis :
-Inutile d’atermoyer…"

Et le Village de s’engager à trouver
-et, en effet, chercha jusqu'à trouver
le candidat idéal,
capable de faire face à toute situation.
Ce fut alors que le Quartier se dressa
pour affirmer avec passion :
-Nous le récusons !
Inutile d’atermoyer…"

Et le Quartier de se consulter
pour apprécier les uns, les autres…
Il se choisit un homme de fer,
de chacun considéré.
Son Frère mit le feu aux poudres:
-Comment t'imaginerais-tu être meilleur
que moi?
Inutile d'atermoyer…"

A présent que nul espoir
d’entente ne peut subsister
et que nous voici au fond d’un creux
d’où nul ne peut émerger,
qui devrait donc gouverner,
puisque vous ne m’acceptez pas, moi ?
-Qui donc devrait gouverner,
puisque nous ne t’acceptons pas, toi ?
Voici comme nous allons faire :
Appelons un Etranger ! "

C’est un fait que plus d’un répète :
"Un tel, au fond démobilise…"
Ils sont de ceux qui ignorent
comme va se développant l’Histoire :
C’est qu’avant de semer l’orge,
il faudrait voir comme est la terre…
Kabyle, Kabyle,
Citoyen de Kabylie :
Tu soutiens un Etranger !
Kabyle, Kabyle,
Citoyen de Kabylie :
Tu laisses ton frère s’écrouler !.. "

-Il tient des siens une fortune !
Il ignore même ce qu’il possède.
Et ainsi, lui déciderait pour moi ?
Et nous accepterions cela ?
Son propos jamais ne prévaudra :
Nous brisons sans plier jamais !.. "
Kabyle, Kabyle,
Citoyen de Kabylie…

-Comment ? Son père était berger
et aujourd’hui lui me commanderait ?
A présent que sa chance a levé,
au point qu’il a étudié,
il soulève son regard de terre.
Si sa parole prévalait,
moi, ces moustaches, je me les rase !.."
Kabyle, Kabyle,
Citoyen de Kabylie…

Par-dessus nous nul n’atteint !
Et nous oublions
en quoi mauvais nous sommes :
Nos cieux donnent-ils une étoile ?
Aussitôt nous nous en faisons l’ennemi.
A peine la laissons-nous s’épanouir,
que nous nous dressons pour la combattre…"
Kabyle, Kabyle,
Citoyen de Kabyle :
Tu soutiens un Etranger !
Kabyle, Kabyle,
Citoyen de Kabyle :
Tu laisses ton frère s’écrouler !.. "

Traduction par R. Sadi.