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Vieux 08/06/2011, 22h38
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Je m’en vais
(Ad ruḥeγ)

1
Aujourd’hui, la tristesse est ma compagne
Tristesse, présage de départ
Même si une fêlure à mon cœur
L’objectif est enfin clair

Il m’est difficile de te dire
Si un jour je te reverrai
Je ne trouve pas de mot apaisant
Pour équilibrer ma peine

Comme moi, tu sais
Les belles choses, nul les fuit
J’ai mis ma raison dans mes pieds
Qui entameront aujourd’hui la route

2
La page de ma jeunesse tournée
Je l’ai fermée sur mon passé
Je l’ai fermée sur mes espoirs
Ils ne seront pas du voyage

Il m’est difficile de vous dire
Parents, je vous laisse
Vous et moi, nous savons
De patience, nos cœurs s’abîment

Je m’en vais sans destination
Que m’importe pourvu que j’arrive
De choix, je n’en ai pas
En Chine ou en Amérique

3
Derrière moi, tout ce que j’ai laissé
J’ai peur de me retourner
Je ne sais si un jour je reviendrai
Ou en exil je mourrai
Il m’est difficile de vous dire
Ô collines, dont j’ai coutume

Ô rivières que je longe
Que je ne vous reverrai pas

Je m’en vais avec mes souvenirs
Le souvenir, de ma belle montagne
Dans mes yeux vous serez présents
A jamais, vous êtes gravés

4
Depuis des années nous espérons
De nos fardeaux, on sera délestés
Chaque jour, le mal empire
Seule la fuite peut sauver nos restes

Il m’est difficile de vous dire
Amis, je m’en vais
A vous, parfois, je penserai
Me demandant si la tempête vous épargne

Ce ne sont pas les plaisirs que je cherche
Même si je les aime, pour moi, il est tard
Je préfère les reproches
Que d’être guidé par les ânes

5
Je m’en vais sans espoir
Sans verser une larme
Je m’en vais sans calculer
Jusqu’à mon ultime souffle

Il m’est difficile de vous dire
Je m’en vais pour vous quitter
Même si je sais que mon chemin
Sera parsemé de pièges

Même si en me relevant je retombe
Même emporté par les vagues
Dans mes malheurs je me dirai
Qu’aujourd’hui est un autre jour

6
Ce que le cerveau supporte
Les épaules même ne peuvent le porter
Si la chance n’était qu’égarée
Nous l’aurions trouvée depuis longtemps

Il m’est difficile de vous dire
Vous qui attendez des jours meilleurs
Avec vous, je ne peux les trouver
On ne peut changer le monde

De l’espoir je ne suis pas preneur
Matin et soir, on ne fait qu’espérer
C’est ainsi depuis toujours
Jamais les épreuves ne nous ont oublié

7
Solitaire parmi vous
Vous quitter ne changera rien
Vous disiez quand j’étais avec vous
Il est là sans être là

Il m’est difficile de vous dire
Mes amis je vous oublierai
Je sens que quelque soit mon devenir
Je m’abstiendrai même de vous écrire

Si la réussite est au rendez-vous
Inutile que je vous raconte
Et si c’est les revers que je rencontre
Seul, je me débrouillerai

8
Ô soleil qui s’est levé
Demain où me trouveras-tu ?
Si je rester pour ressembler aux autres
Ma vie comme ma mort se valent

Il m’est difficile de vous dire
Ô tombes, je vous laisse
Dalles, sur lesquelles je me repose
Plus jamais, je ne m’assiérais

Sinon, je vous ressemble
Suis-je mort, suis-je vivant ?
La seule chose qui nous distingue
Vous êtes allongés, je suis debout

9
Ne connaissant pas, le goût de la douceur
Nous sommes, au moins, habitués à l’amertume
Nous voyagerons sans viatique
N’ayant aucun excédent à prendre

Il m’est difficile de vous dire
Qu’ai-je à perdre à vous quitter ?
Si en exil je ne possède rien
Avec vous, que des privations

Je n’ai rien laissé
Pour le regretter en partant
Qu’est-ce que je vaux parmi vous
Je n’achète, ni je ne vends

10
Ici, mes dus me sont enlevés
Ailleurs, j’irai les chercher
Je quêterai mon étoile
En aval ou en amont

Il m’est difficile de vous dire
Je m’en vais, en vous laissant l’espoir
Mon droit, j’irai le chercher
Et vous, restez donc à l’attendre

J’ai choisi de le quérir
J’irai à sa recherche
Et je sais qu’après les épreuves
Je le rencontrerai un jour

Traduction : Ahmed Ammour